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samedi 11 février 2012

Liberté | Une réforme à contre-courant

Enseignement supérieur:
C'est donc au moment où la France remet en cause son propre système que l'Algérie décide de le singer.

Après la mise en place du système LMD (licence, master, doctorat), on est passé à la création des classes préparatoires et des grandes écoles. Inspirée du processus de Bologne, qui vise à harmoniser les enseignements et à uniformiser les diplômes pour favoriser la mobilité des étudiants en Europe, la première réforme a déjà fait l'objet de nombreuses analyses. Elle ne retiendra pas notre attention ici.
La seconde est tout simplement la transposition à contretemps de "l'exception française" qui, plus est, dans un environnement qui ne s'y prête pas. La France est, en effet, le seul pays au monde où l'enseignement supérieur fait cohabiter universités et grandes écoles. En dehors des études de santé (médecine, odontologie, pharmacie), les premières ont la réputation d'accueillir les enfants des classes populaires et sont tournées vers la recherche. Les autres sont perçues comme le temple des élites et son orientées vers l'entreprise. Pourtant, elles ne rayonnent pas dans les classements internationaux comme celui de Shanghaï. La France a enfin pris conscience de ce handicap et a entrepris un rapprochement entre les deux blocs.

"Les mots université et grande école sont obsolètes", a jugé récemment Pierre Nora, président de la Conférence des grandes écoles (CGE), qui réunit quelque 200 établissements publics ou privés. Le plus souvent accessibles après deux années de "prépa" et un concours très sélectif, les grandes écoles ont eu pour fonction de reproduire les élites.
Un ou deux élèves de seconde sur une classe de 30 pouvait y arriver. Le système de sélection était tel que l'intelligence n'en donnait pas le sésame. Et des élèves pouvaient afficher d'excellentes notes dans les matières dites techniques ou de spécialité sans y arriver. Leur ambition se brisait sur l'épreuve de langue étrangère (anglais, le plus souvent), de culture générale et de l'entretien oral.
Et là, ce n'est pas une question de vocation ou de niveau mais tout simplement de distinction sociale. Les plus favorisés sont ceux qui ont multiplié les séjours linguistiques à l'étranger, qui vont au théâtre et qui sautent de musée en galerie d'exposition. Pour l'entretien, il faut des codes sociaux que seuls les enfants "bien nés" connaissent. Sans compter le coût pour les écoles privées (12 000 euros par an à HEC). C'est pour cela que les énarques de France, les dirigeants du CAC 40, les responsables politiques se ressemblent. Comme des "petits pois", a même osé le président Nicolas Sarkozy en parlant des magistrats.
En plus de laisser sur la rade de très nombreuses potentialités, le système français est à la traîne en ce qui concerne la recherche scientifique, ignorée par les grandes écoles, pourtant bien mieux dotées en moyens que les universités.
Depuis quelques années, des brèches commencent à s'ouvrir dans cette citadelle avec le pari de les rendre de plus en plus béantes. Pour de nombreuses grandes écoles, les fameuses "prépas" ne sont plus la seule antichambre. Des concours "passerelles" sont aménagées pour les élèves titulaires d'un BTS, du DUT (diplôme universitaire technologique) et d'une deuxième ou troisième année de licence. Des partenariats sont noués entre grandes écoles et lycées des quartiers populaires. Appelés "cordées de la réussite", ces partenariats peuvent prendre la forme d'actions multiples comme le tutorat, l'accompagnement académique et scolaire, l'accompagnement culturel ou l'internat d'excellence. Des entreprises y participent en proposant des simulations d'entretiens de recrutement et des offres de stages aux jeunes impliqués dans le dispositif.
La prestigieuse école Sciences Po Paris vient de réformer son concours d'entrée, avec comme principale innovation la suppression de l'épreuve de culture générale.
Une réforme plus globale initée par M. Sarkozy tend à regrouper les universités et les grandes écoles avec l'objectif d'affronter la compétition internationale. Début février, le gouvernement français a désigné les derniers lauréats des "initiatives d'excellence" (IDEX) : cinq nouveaux projets qui s'ajoutent aux trois choisis en juillet 2011. Il s'agit de faire émerger huit super-universités capables de visibilité à l'international et d'"attirer les meilleurs talents". À titre d'illustration, l'IDEX de Paris-Saclay associe deux universités, dix grandes écoles (polytech, HEC ...) et sept organismes de recherche.

Ces méga-universités devraient s'organiser selon le modèle anglo-saxon, aujourd'hui dominant.
C'est donc au moment où la France remet en cause son propre système que l'Algérie décide de le singer. "Les frontières entre les deux systèmes d'établissement sont de plus en plus poreuses. Aujourd'hui, l'insertion professionnelle fait partie des missions de l'université tandis que les grandes écoles doivent faire de la recherche", observe encore Pierre Nora. Encore qu'en France, la méritocratie n'est pas un mot creux. Même "bien né", un jeune doit quand même franchir les épreuves de sélection. On ne rentre pas dans un établissement prestigieux au moyen d'une dérogation spéciale ni sur un coup de fil de "papa" ou de "tonton".

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