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vendredi 21 novembre 2014

Les masters stigmatisés par l’architecture LMD

La mobilisation des en masters en architecture revendiquant le droit d’exercer la profession d’architecte a fini par faire fléchir l’Ordre des architectes. Dimanche dernier, le Conseil national de l’Ordre des architectes (CNOA) les invite à travers un communiqué des plus placides à déposer leurs dossiers aux niveau des comités localement compétents.

Mais, c’est aussi flegmatiquement que les prétendants à la profession d’architecte créditent la nouvelle, car d’aucuns dans les rangs de leurs aînés imputent la décision à une diversion dont la visée immédiate est de disperser le piquet de grève des futurs architectes, et mettre en veilleuse les troubles  qui portent atteinte à la politique de «pacification» chère à la «stabilité» prônée par le ministère de l’Enseignement supérieur. Des architectes établis évoquent une injonction d’en haut, alors que «l’Ordre» des architectes, comme son nom l’indique, est supposé être souverain ; ils dénoncent par là même une tendance à céder au populisme et à la facilité, «une approche qui nuira gravement au niveau de compétence des futurs architectes», selon des architectes que nous avons interrogés. 
La prise en considération des sollicitations des futurs architectes semble avoir été hâtée suite au large mouvement de grève observé par plusieurs départements d’architecture et d’urbanisme à travers le pays. Du côté du ministère, le directeur général des enseignements et de la formation supérieurs,  M. Haouchine, nous a effectivement confirmé la tenue d’une rencontre ayant réuni des représentants de l’Ordre des architectes avec le ministre de l’Enseignement supérieur. L’entrevue a eu lieu samedi, la veille de la diffusion du communiqué en question.
«Nul ne peut nier que nous privilégions la politique du dialogue au niveau du ministère, nous considérons également l’engagement de la réforme LMD comme une démarche dynamique. Concernant l’architecture, un grand travail de mutation est engagé depuis quelques années déjà avec les comités pédagogiques pour mettre les enseignements au diapason par rapport à la formation des architectes dans le monde, mais surtout de répondre par une offre de formation nouvelle qui répond au mieux aux besoins nationaux ; une offre plus diversifiée par rapport à la formation classique, plus pointue et innovante mais qui est censée surtout garantir aux futurs diplômés de nouveaux débouchés professionnels autres que les carrières classiques, car c’est cela l’esprit-même du LMD, supposé évoluer de pair avec le progrès mondial.»
Quoi qu’en pensent d’aucuns, tout porte à croire qu’il s’agit-là d’un autre dysfonctionnement sur le compte du nouveau système LMD. Les masters en architecture se sont retrouvés dans un semblant de cul-de-sac, empêchés de fait d’exercer la profession, car sans concordance effective avec l’ancien diplôme d’architecte d’Etat stigmatisés ainsi par l’Ordre des architectes et devant l’indifférence du ministère de l’Enseignement supérieur les futurs architectes se disent victimes de leur incompréhension du système et imputent cette situation, d’une part, à la mauvaise communication de la tutelle sur les réformes engagées, et d’autre part à la mauvaise foi d’une certaine engeance d’anciens architectes aigris, réfractaires aux nouvelles méthodes  d’enseignement, des architectes établis ayant pignon sur la cité et qui méprisent le niveau de compétence des nouveaux arrivants dans leur loge.
A l’origine,  le système LMD a été engagé pour justement garantir  la  normalisation et les équivalences des diplômes et de permettre la mobilité et la flexibilité de la formation au moyen d’un enseignement à la carte. Mais, selon des acteurs du secteur bâti,  les choses se font encore à l’ancienne ; l’ environnement socioéconomique algérien offre très peu d’opportunités aux nouvelles spécialités, soient-elles des plus innovantes.
Le hic, c’est que la réforme des enseignement est bel et bien engagée et on ne forme plus désormais des architectes au sens classique du terme, les nouveaux profils super spécialisés dans des domaines relatifs à la production architecturale, les para-architectes et autres designers semblent ravaler leurs ambitions modernistes et regretter le bon vieux diplôme d’Etat. Car, en réalité, l’innovation, l’environnement et la quête du bien-être dans les entreprises urbanistiques dans notre pays sont relégués au dernier plan. Le premier souci étant de bâcler un autre plan, justement, celui  des millions de logements chers au «programme de son Excellence».
Exit donc l’inventivité de la carte de formation créative ; la grande création de la politique urbanistique actuelle innove plutôt dans la chasse aux marchés publics. Dans ce contexte, les étudiants en architecture, derniers au chapitre, n’ont finalement d’autre choix que la vocation du cabinet ou le travail dans les bureaux d’étude. Pourvu qu’on daigne leur céder la voie. «L’Université, à travers le système LMD, tend à hisser le pays vers le haut et rejoindre ainsi le progrès mondial. Nous assumons notre rôle dans les limites de nos prérogatives. Mais il n’est pas de notre ressort de faire en sorte que d’autres secteurs suivent systématiquement ; nous nous occupons à résoudre nos propres problèmes et souhaitons que le reste suive», se défend en guise de conclusion le directeur des enseignements.
 

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