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dimanche 6 décembre 2020

Projet de loi d'orientation: Position du SESS


Position du SESS quand au projet de loi d'Orientation.

 

Introduction: 


Le Bureau national du SESS tient à donner son point de vue après avoir pris connaissance du projet de loi d'orientation. 

Le bureau national tient cependant à faire trois remarques qui semblent concerner, à première vue, la forme mais qui au fond traduisent le manque de volonté quand à insuffler un vrai débat qui porte sur le devenir de l'université Algérienne. D'autant plus que ses trois remarques sont récurrentes, donc sont constitutives du comportement de l'administration ministérielle, si ce n'est à un plus grand niveau. 

En premier lieu le temps imparti ne permet en aucune manière de prendre en charge le  temps nécessaire à l'information quand à ce dossier, aux formes de débat et à leur gestion, aux différentes synthèses qui doivent se faire à différents niveaux pour aboutir finalement, quand la volonté y est, de faire une synthèse révélatrice et représentative de l'avis général.

En deuxième lieu la période durant laquelle est exigé ce "débat" pose problème parce que non seulement les universités sont occupées à gérer les examens mais en plus la Pandémie qui affecte tout le corps social, donc même l'université, ne permet en aucune manière des rencontres et des débats surtout quand on pense à la faiblesse du niveau de la connexion par internet.

En troisième lieu le bureau national ne peut oublier qu'il y a eut plusieurs décisions (arrêtés, circulaires etc…) qui ont émanées du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui font de l'interdit une règle quand à aux libertés académiques. Ces interdits résument le fait  que le corps enseignant est considéré comme un ennemi à l'Algérie et à l'Université Algérienne et de ce fait tout contact avec des chercheurs et partenaires étrangers est considéré comme étant une source potentielle de traitrise. Pourtant tout le monde sait que l'université Algérienne est très loin d'atteindre un niveau qui lui imposerait une protection des résultats auxquels elle peut aboutir. Force est de constater que la gestion sécuritaire prime sur la recherche de l'excellence en matière d'innovation et de recherche.

Ces trois éléments qui sont clairs et qui apparaissent à première vue sont suffisants pour mettre en doute la volonté d'élaborer une loi d'orientation avec la participation des différents acteurs.


Critiques concernant le texte:


Des constats semblent être faits pour proposer un autre contenu mais ces constats restent insuffisants si n'on arrive pas à repérer la faiblesse et l'handicap ayant entrainé les échecs. Ainsi en est- il de plusieurs questions dont prendrons quelques exemples pour illustrer ce défaut.

a) Le retard flagrant de l'ensemble du système de l'ES par rapports aux besoins socio-économiques du pays. Citer ce point sans citer le fait qu'il y a eut une politique dont le but était d'utiliser l'importation tout azimut pour combler ces besoins (l'accord d'association avec l'UE étant un élément essentiel de cette politique) comme il y a eut destruction de l'appareil productif national public (campagne contre les cadres Algériens et bradage des entreprises publiques, la fermeture actuelle de l'ENIEM de Tizi-ouzou étant un indice de la continuation de la même politique). Peut on taire le fait que, pour l'exemple, la loi de finances 2021 ne laisse que des miettes à des secteurs jugés stratégiques qui auront pu booster et  l'ES et le pays (industrie et agriculture).

b) Le texte cite à plusieurs reprises l'utilisation de l'enseignement à distance alors qu'il ne fait aucun doute que la gestion de la connexion par internet, constitutive de la liberté d'information, d'expression, de cette question est sous emprise sécuritaire et ne permet nullement aux corps enseignant et étudiant de s'inscrire totalement dans cette démarche.

c) La question de l'absence d'une carte de formation pertinente, la propagation anarchique des filières et spécialités, l'absence de stratégie claire en matière d'ouverture de l'université avec son environnement  international ne peut qu'être évacué si on ne donne pas les raisons qui nous ont mené à cette situation, entre autres; l'hégémonie d'une gestion bureaucratique et même sécuritaire, disparition de structures telles que les CPN et autres qui nous permettaient d'accéder à une vision nationale concertée.

d) En matière de franchises universitaires et de protections des libertés académiques, nul ne peut oublier les dernières instructions émanant du Ministère comportent des dispositions qui vont à l'encontre des recommandations de l'UNESCO. Cela indique que nous ne pouvons donner aucune crédibilité à un texte quand la pratique officielle est contraire à ce texte, ce qui est devenu la règle dans notre pays depuis longtemps.

e) En matière d'amélioration de la gouvernance des établissements de l'ES. Il ne peut y avoir aucune amélioration si la désignation et la cooptation des responsables (recteurs, directeurs, doyens etc…) des établissements universitaires restent la règle car le clientélisme pratiqué va à l'encontre du choix entre des objectifs proposés et leur suivi par de contre pouvoirs de cette question. Le choix des élections est nécessaire mais non suffisant c'est pourquoi il faut permettre la création de contre pouvoirs qui doivent intervenir en parallèle avec les instances administratives.

f) Pour ce qui est de l'amélioration du niveau de qualification des formations nous ne pouvons nous  taire sur la nécessité de la refondation de tout le système éducatif. De même la persistance de l'existence d'une dualité de  l'université Algérienne (enseignement en français pour certains établissements et enseignement en arabe pour d'autres) montre que l'on a peur de traiter les problèmes réels.

g) Si tout le monde ne peut qu'être d'accord avec la multiplication des stages et de leur encadrement, cette question ne peut être traitée sans un bilan montrant les faiblesses rencontrées afin d'y remédier. Autrement nous risquons tout simplement de répéter les mêmes constats sans pouvoir avancer dans la résolution.

h) En matière d'accompagnement des établissements privés de formation supérieure, il est vain de vouloir les inscrire dans le cadre de la loi d'orientation qui a pour but déclaré de fixer les objectifs que se donnent les pouvoirs publics alors que le privé reste motivé en dernier ressort par les bénéfices qu'il peut engranger. D'ailleurs il est facile de noter que si l'article 119 stipule que la création d'établissement  privé doit se faire sur la base d'un cahier de charges, notamment en matière d'espace, l'article 124 revient sur le contenu puisqu'il permet la mise à disposition, au sein de l'établissement public, d'espaces réservés à la pédagogie au profit de l'établissement privé.

i)  En matière de création de comité d'éthique et de déontologie, la pratique constaté jusqu'à présent montre que c'est à l'administration que revient le pouvoir de décider si ces comites doivent intervenir ou pas (le texte actuel) ce qui montre que l'aspect scientifique est toujours régulé et réglé par l'administration et qui enlève toute pertinence et crédibilité à ce type de structure.

j)  La loi revient sur l'introduction du LMD dans certaines filières et spécialités, ce que beaucoup d'enseignants applaudiront, mais reste silencieux sur le bilan exhaustif qui nous ramène à ce revirement. C'est la même pratique qui continue, c'est-à-dire imposer des changements sans en expliciter la cause profonde.

k) La création d'une université de l'enseignement à distance est avancée sans que puisse être avancé son articulation avec l'université de formation en présentiel alors même que dans le texte il est dit que ce seront ces deux modes d'apprentissages qui seront pratiqués (chacun dans une université?).


Le Bureau national du SESS déplore le fait que depuis des décennies le MESRS adopte la même attitude, c'est-à-dire faire changer des lois sans véritable débat puis se voit contraint de revenir en arrière sous la pression des problèmes posés sans que ne soit débattu sereinement ce que les citoyens et citoyennes Algériennes veulent faire de l'université Algérienne. 
 
   
Oran le 06-12-2020                                      
Le Coordonnateur National     
K.CHOUICHA

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