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vendredi 3 février 2012

TSA: Entretien avec Djamel Maâfa, SG du Syndicat des journalistes de l’ENTV

Salaires des journalistes, manque de moyens, censure, médiocrité des programmes...

Vous avez travaillé, pendant des mois, dans le cadre d'une commission nationale pour l'élaboration de la grille de référence des journalistes. Où en êtes-vous actuellement ?


Nous avons travaillé pendant huit mois. Nous avons tenu plus de trente réunions à l'issue desquelles nous avons produit un document de plus de 32 pages. Depuis la décision de 1973, portant sur le parcours professionnel et les droits des journalistes, nous ne nous étions plus penchés sur la question. L'installation de cette commission nationale était donc quelque chose d'extraordinaire.


Sur beaucoup de points, comme le parcours professionnel, le régime indemnitaire et la réhabilitation du métier du journaliste, nous avons obtenu satisfaction. Nous avons en revanche eu des divergences sur deux points : la valeur du point indiciaire et le principe d'un effet rétroactif. Le ministère a proposé 40 DA, ce que nous n'avons pas accepté. Nous considérons que cela ne répond pas aux aspirations de la corporation. C'est vrai que nous avions élaboré une plate-forme où nous avons demandé un salaire de base de 75 000 DA pour un journaliste débutant. Maintenant, il n'y a pas que la commission qui va déterminer cette valeur. Je crois qu'il y a des arbitrages à faire, comme l'a dit le ministre. 


Vous avez tenu plusieurs rassemblements depuis quelques jours. Après plusieurs réunions avec vos partenaires, vous avez appelé à la reprise du dialogue. Avez-vous été recontacté par le ministère ?

Les trois syndicats (télévision, radio et APS) ont signé une déclaration commune pour dire qu'ils sont ouverts au dialogue. Ils attendent toujours. Pour l'instant, nous n'avons pas été recontactés mais nous attendons une rencontre pour bientôt. Nous voulons finaliser le travail et signer l'accord.


Beaucoup pensent que l'installation de cette commission n'est qu'une manœuvre des pouvoirs publics pour gagner du temps. Qu'en pensez-vous ?

Je ne partage pas cet avis et ces craintes. Il suffit de reprendre le dialogue pour qu'il y ait un accord. En revanche, il y a certaines voix qui essayent de discréditer les revendications des journalistes et les réduire à des questions d'ordre alimentaire. Ils oublient qu'à travers le monde entier, le journaliste a un statut et un salaire qui va avec. Nous sommes en train de nous attaquer à un problème de fond. Vous savez, j'ai dix-sept ans de carrière à l'ENTV. J'aurais pu prendre ma valise et atterrir le soir dans une autre télévision et j'aurais peut être eu dix fois le salaire que je touche actuellement. Des dizaines de collègues sont partis. Mais il faudra bien qu'on arrête cette hémorragie, un jour.  


Pensez-vous qu'on soit en train de pousser, indirectement, les journalistes à partir à l'étranger ?

Oui ! Quand le journaliste n'est pas bien payé, n'arrive pas à payer un voyage à ses enfants et parfois même pas à se soigner, il pense effectivement à partir. Chaque semaine, nous perdons un journaliste. C'est un métier pénible, de pression et de stress. Aujourd'hui [mercredi, NDLR], on a enterré un confrère du Jeune indépendant, M. Zaâf.


À combien est estimé le salaire moyen à l'ENTV ?


Entre quarante et cinquante mille dinars.


Les journalistes ne fuient-ils pas aussi la médiocrité ?


Tout le monde critique la télévision. Mais la critique doit s'accompagner d'une identification des problèmes. La télévision algérienne, avec ses cinq chaînes, n'a toujours pas de siège adéquat par exemple, malgré le budget débloqué par les pouvoirs publics.  


La télé a pourtant beaucoup de moyens...


Le budget de la télévision algérienne tourne autour de 6 milliards de dinars. Elle emploie 3 500 personnes, peut être davantage. Le service public égyptien a un budget d'un milliard d'euros par an. Si nous voulons construire une grande télévision publique, il faut des moyens. Quand on aura un siège et des moyens techniques adéquats, là on pourra demander des comptes.  


N'y a-t-il pas aussi un problème d'autonomie par rapport aux pouvoirs publics ?


Je ne sais pas... Mais il ne faut pas uniquement juger l'ENTV sur son journal, il y a d'autres programmes. Moi non plus, je n'aime pas certaines choses. 


Mais l'opposition, les acteurs de la société civile et les mouvements sociaux sont pratiquement absents à la fois du JT mais aussi des programmes...

En tant que syndicat des journalistes, nous souhaitons donner une grande place aux mouvements sociaux, aux partis politiques et aux débats. Il y a un début mais il reste beaucoup de choses à faire. Nous nous engageons à réaliser cet objectif. Nous voudrions aller vers la construction d'une véritable télévision publique sur des bases professionnelles. Dans tous les pays développés, la meilleure télévision est la télévision publique. C'est le cas en Grande-Bretagne avec la BBC et en France avec France télévisions, par exemple. Nous travaillons sur plusieurs axes en même temps.  


Comment et dans quel cadre ?

Nous avons inscrit dans notre programme de syndicat la création d'un conseil d'éthique des journalistes de la télévision et d'une charte qui va être signée par eux. 


Les journalistes pourraient-ils s'appuyer sur ce conseil pour faire des propositions ?

Nous allons nous imposer d'abord une certaine déontologie. Le journaliste doit respecter l'éthique et produire un travail de qualité. Et nous avons d'excellents journalistes qui sont restés. Ils peuvent relever le défi. La construction d'un service public fort est une nécessité. 


Pourquoi n'a-t-on pas eu, jusqu'ici, un tel service public performant ? N'y avait-il pas, selon vous, une certaine volonté politique d'empêcher son développement ?

Je ne sais pas. Ça m'étonnerait. Personnellement, je ne le crois pas. J'ai eu à faire des émissions en direct de deux heures et je n'ai jamais reçu de directives. Mais notre pays a intérêt à avoir une télévision forte respectant son engagement et son cahier des charges. Il devrait aussi y avoir un système d'informations crédible et fort répondant aux aspirations des citoyens.  


Ce n'était pas le cas jusqu'à maintenant...


Il y a eu des incohérences, le service public est à parfaire. 


Croyez-vous à certains changements avec l'adoption de la nouvelle loi sur l'information ?

Nous saluons l'adoption de cette nouvelle loi, particulièrement le volet portant sur l'ouverture de l'audiovisuel. Nous pensons que l'arrivée de la concurrence va stimuler le secteur. Mais nous croyons, en tant que syndicat, que la volonté des pouvoirs publics d'aller vers une ouverture doit aussi être accompagnée d'un plan de réhabilitation du secteur public, et particulièrement de la télévision.

, Tout Sur l'Algérie (02/02/2012)

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